
« Photographier son bébé mort : c’est glauque ». C’est sans doute votre avis en lisant le titre de cet article. Pourtant, c’est une pratique qui aide beaucoup de « parange » (parent vivant le deuil périnatal) à accepter la perte de leur enfant
Cette initiative a été lancée en 2016 par une sage-femme et une maman, elles créent ensemble l’association « Au-delà des nuages« . En moyenne, 500 bébés anges sont photographiés par an. Des souvenirs très précieux pour les familles, même des années plus tard.
Une aide très précieuse
C’est le cas de Vanessa. En mars 2018 elle doit interrompre sa grossesse et dire au revoir à son petit ange, Allan. Tout était prêt à la maison. Son petit berceau, sa première tenue, son prénom. Mais le jour de sa naissance, son premier cri était le dernier. Vanessa et son mari font alors appel à l’association « Au-delà des Nuages » pour marquer cet instant « pour toujours ».
Très rapidement, une photographe se rend dans la chambre d’hôpital pour photographier le bébé. C’est Aurélie Flamant, photographe bénévole pour l’association qui est appelée. « Félicitations, vous êtes devenus parents ! » dit Aurélie.
« C’est la première chose qu’elle nous a dite » raconte la jeune maman. « Au début… Cela nous a fait bizarre d’entendre ça. Et puis en fait, non. Ça fait du bien. C’est la seule qui nous a félicités. Et c’est vrai, nous sommes parents d’un magnifique bébé« .
Une fierté encore présente aujourd’hui. « Il n’y a pas un jour où je ne regarde pas les photos. Elles sont juste magnifiques. J’en ai une sur ma table de nuit, une sur mon bureau au boulot… Je serai toujours fière de mon bébé. Le fait d’avoir une photo d’Allan, cela prouve qu’il a existé, que je l’ai porté dans mon ventre. Et cela me réconforte.«
La séance photo peut durer 10 minutes ou une heure, selon les besoins de la famille. Chaque photographe a sa manière de procéder. « Quand je m’approche du bébé, je demande toujours le prénom et je lui parle, pour rendre tout cela le plus naturel possible« , nous explique Mélanie Van Avermaet, photographe bénévole.
« D’habitude je photographie des femmes enceintes et les nouveau-nés. Forcément, c’est différent. Ici, les séances sont uniques : ce sont les seules photos qu’ils vont avoir, ils n’en auront plus après. Je trouve que chaque parent a le droit d’avoir des souvenirs de son enfant, peu importe ce qu’il s’est passé« , ajoute-t-elle.
« On ne photographie pas la mort, mais l’amour » dit Aurélie. « Nos séances photos sont souvent un moment très intime, où les parents profitent de leur bébé. C’est quelque chose de beau, c’est un souvenir. Même s’ils ne regarderont pas les photos tout de suite, ça les aidera sans doute plus tard ou dans quelques années« .
Une fois la séance terminée, le photographe s’engage à envoyer les premiers clichés dès le lendemain de leur rencontre « cela permet aux parents de ne pas rentrer les mains vides, d’avoir un souvenir de la naissance de leur enfant dès le retour à la maison« , explique Aurélie Flamant. L’ensemble des photos est envoyé par la suite aux parents et le tout, gratuitement.
Une forte demande partout en Belgique
Au départ, l’initiative a démarré en Flandre sous le nom de « Boven de Wolken ». Mais au vu de la demande et grâce à l’aide financière de Dela, une entreprise spécialisée dans l’organisation et l’assurance d’obsèques, l’association voit le jour en Wallonie-Bruxelles.
En Flandre, 80% des bébés décédés sont photographiés par l’association. Aujourd’hui en Wallonie, 25 photographes bénévoles (professionnels et amateurs) prennent le temps de photographier ces « bébé étoile ».
Depuis la création d’Au-delà des nuages, plus de 1500 bébés ont été photographiés en Belgique. Au fil des mois, les demandes ne cessent d’augmenter. C’est pourquoi l’association recherche de nouveaux bénévoles en Wallonie, afin d’aider tous les parents intéressés par ce service.