Un don est-il librement révocable ?

Une donation est en principe définitive, irrévocable. Le donateur ne peut plus reprendre ce qu’il a donné, même s’il regrette ultérieurement son geste, ou si les rapports entre les parties ont changé.

Toutefois, dans certains cas, il existe des possibilités de révocation de la donation.

- La donation faite avec condition suspensive
Une opération réalisée sous condition suspensive signifie qu’elle ne sera définitive que si la condition se réalise. Ainsi, des parents peuvent décider de faire donation d’un immeuble à leur fille à l’occasion de son mariage. Ils peuvent prévoir dans l’acte que, si le mariage n’est pas célébré, la donation n’aura pas d’effet.
En réalité, il ne s’agit pas d’une cause de révocation de la donation : la donation est définitive, pour autant que la condition se réalise. Si elle n’est pas réalisée, la donation est censée ne jamais avoir été réalisée.

- Le droit de retour
Cette clause se retrouve fréquemment dans les actes de donation : une donation est réalisée au profit d’une personne déterminée, avec qui le donateur a certains liens. Il peut décider que le bien donné lui reviendra automatiquement en cas de prédécès du donataire, même si ce dernier laisse des enfants. Ainsi, un père qui a donné un immeuble à sa fille peut prévoir qu’il redeviendra automatiquement propriétaire de cet immeuble si sa fille décède avant lui.
La loi reconnaît également certaines situations dans lesquelles un droit de retour jouera, même s’il n’est pas prévu dans l’acte de donation.
La donation est définitive, et le donataire est seul propriétaire de l’immeuble, mais il pourrait revenir dans le patrimoine du donateur si la condition (prédécès du donateur) survient. Ici aussi, il ne s’agit donc pas d’une véritable cause de révocation.

- La révocation pour inexécution des charges
Certaines donations peuvent être consenties en demandant au gratifié d’exécuter certaines charges : par exemple, une dame âgée donne son immeuble à un voisin en lui demandant, en contrepartie, de la nourrir et de l’entretenir sa vie durant. Dans ce cas, chacun doit exécuter une obligation : la dame âgée donne un immeuble, et le voisin s’engage à l’entretenir. La donation devient un contrat réciproque, et si l’une des deux parties ne respecte pas ses obligations, l’autre aura la possibilité de demander l’annulation de la convention.

- La révocation pour ingratitude
Celui qui reçoit un bien a un devoir de reconnaissance à l’égard de celui qui l’a gratifié. S’il ne le respecte pas, son « bienfaiteur » pourra demander la révocation de la donation. Bien entendu, il faut que les motifs reprochés soient suffisamment graves.
La première cause d’ingratitude est l’attentat à la vie du donateur ! Il ne faut pas qu’il y ait condamnation pénale : le seul fait d’avoir voulu attenter à la vie du donateur suffit. Heureusement, il faut bien reconnaître que ces situations restent exceptionnelles.
Les sévices (coups et blessures volontaires), les délits (avoir organisé un hold-up dont la victime est le donateur), ou les injures graves sont également reconnus comme causes d’ingratitude.
La dernière cause d’ingratitude est le refus d’aliments : si le généreux bienfaiteur se retrouve ultérieurement dans la misère, celui qu’il a gratifié a l’obligation de l’aider, sous peine de perdre le bien qu’il a reçu !

- Les donations entre époux
Les donations entre époux peuvent toujours être révoquées unilatéralement par le donateur, sauf si elles sont contenues dans un contrat de mariage ou dans un acte modificatif de régime matrimonial.

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